Quels sont les enjeux majeurs pour BNP Paribas dans l'accompagnement de ses clients sur le chemin de la transition ? A.S. : BNP Paribas est la première banque européenne. À ce titre, le rôle de stabilisateur et d’accélérateur qu’il joue dans l’économie lui donne une responsabilité particulière face aux grands défis environnementaux : celle de réorienter progressivement mais rapidement les flux financiers vers une économie bas carbone.

Que ce soit en transformant leurs infrastructures et leurs chaînes d’approvisionnement ou en développant de nouvelles technologies, les entreprises sont au cœur de cette transition. Notre devoir est de les accompagner dans le passage d’un monde à l’autre en mettant nos expertises au service d’un but commun : contribuer à une économie neutre en carbone d’ici 2050, condition indispensable pour limiter le réchauffement climatique à 1,5° C d’ici la fin du siècle. Prendre un tel engagement n’a rien d’abstrait.

Pour l’atteindre, nous devons dès aujourd’hui mettre en place les infrastructures, les critères et les objectifs intermédiaires nécessaires. Par exemple, BNP Paribas s’est fixé des cibles à horizon 2025 de réduction des émissions de CO2 liées aux financements des secteurs les plus fortement émetteurs : - 30 % sur la production d’électricité, - 10 % pour l’extraction de pétrole et de gaz et - 25 % pour l’industrie automobile par rapport à 2020. D’ici fin 2024, ce sont 10 secteurs d’activité qui auront fait l’objet d’une analyse et d’engagements précis et vérifiables. Après nous être retirés du financement des énergies les plus dommageables pour l’environnement comme le charbon et les hydrocarbures non-conventionnels (pétrole & gaz de schiste), l’enjeu pour nous aujourd’hui est d’accompagner l’ensemble des secteurs économiques dans la transition. Cela a un impact sur notre portefeuille de crédits mais aussi sur notre portefeuille d’investissements, sur lequel nous avons pris des engagements similaires.


Comment BNP Paribas aide-t-il ses clients à passer à l'action ? A.S. : positionner, ainsi que nous l’avons fait, la finance durable comme l’un des trois piliers stratégiques de notre Groupe, cela veut dire travailler à un développement beaucoup plus important de nos offres, de nos infrastructures et de nos compétences pour accompagner nos clients, qu’ils soient particuliers ou entreprises.

Nous nous devons de leur donner les outils et les clés pour jouer un rôle dans la transition de notre société. À ceux qui s’interrogent sur les façons dont ils peuvent décarboner leur consommation, faire des choix d’épargne et d’investissement plus respectueux de la nature, ou encore accroître l’efficacité énergétique de leur logement, nous apportons des solutions au travers d’offres adaptées et financièrement incitatives. Pour cela, nos collaborateurs doivent être capables de comprendre les grands enjeux environnementaux et sociaux pour conseiller de manière appropriée nos clients. C’est pour nous un axe stratégique qu’illustre le lancement prochain d’une "Sustainability Academy" dédiée à la formation de l’ensemble de nos collaborateurs à ces enjeux.

La mise en place d’organisations dédiées à l’accompagnement des entreprises, telles que le "Low-Carbon Transition Group", groupe formé de 250 professionnels dédiés à leur accompagnement vers la transition énergétique, est une autre illustration de la façon dont nous nous organisons aux côtés de nos clients pour agir pour une économie plus durable.


Les nouvelles exigences réglementaires en matière d'épargne sont-elles une contrainte ou un accélérateur ? A.S. : les clients souhaitent aujourd’hui pouvoir faire des placements ayant un impact positif pour l’environnement et la société. Tout en formulant ce souhait, ils expriment également le besoin de disposer d’informations toujours plus complètes et vérifiables sur la portée de ces investissements. Tout ceci suppose l’extraction de données rendant compte de l’impact social et environnemental des entreprises et des projets financés.

Alors que les investissements durables progressent et que de nouveaux choix sont proposés à un nombre croissant d'investisseurs, nous devons mesurer et décrire les choses de manière cohérente. Pour cela, nous avons besoin d'un cadre et d'un vocabulaire communs, créant des incitations tout en décourageant les tentatives de "greenwashing"(1).

L’Union européenne et les États y ont un rôle majeur à jouer. En conduisant des politiques publiques reposant sur des incitations d’ordre financier, fiscal ou réglementaire, ils ont la capacité de mobiliser l’économie dans son ensemble. Il est donc important qu’ils puissent fixer le cap et les conditions dans lesquelles le cap doit être atteint.


Quels sont les défis majeurs pour vous dans les prochaines années qui viennent ? A.S. : la finance a toujours eu un rôle d’accélérateur des transitions. Les banques qui ont donné naissance à BNP Paribas ont été créées (il y a près de 200 ans) pour aider les entreprises à prendre part à la révolution industrielle. Nous avons ensuite participé à toutes les transformations du monde.

Pour autant, la transition de nos sociétés vers une économie plus durable ne ressemble en rien aux transitions passées. Au-delà d’une révolution des comportements, elle constitue également une révolution des technologies et des organisations.

Pour nous qui avons pendant 200 ans évalué les projets que nous financions et dans lesquels nous investissions sur la base de critères financiers seuls, nous devons désormais être capables de comprendre dans quelle mesure ils auront un impact sur l’environnement et sur la cohésion sociale.

L’objectif est de collecter des données qui permettront d’introduire des critères de bien commun dans les décisions d’investissement, sur la base d’informations aussi robustes que le sont les informations financières. Ainsi, la finance durable deviendra la finance tout court car l’empreinte environnementale et sociale sera placée au cœur des stratégies d’investissements de nos clients, qui ont la possibilité, dès aujourd’hui, de donner du sens à leurs économies.

(1) Le "greenwashing" ("verdissage" en français) consiste à mettre en avant des arguments écologiques pour se forger auprès du public une image écoresponsable, alors que la réalité des faits ne correspond pas, ou insuffisamment, à la teneur explicite ou implicite des messages diffusés.

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